La génération défroquée: Jacques Couture, s.j.
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La génération défroquée: Jacques Couture, s.j.
Voici un texte intéressant, qui montre bien le drame de la génération défroquée, qui n'a pas que des défauts:
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Profession de foi (de feu Jacques Couture, s.j. - 1986)
Je ne connais pas ce Dieu qui trône dans les cieux, au milieu des archanges, des chérubins et des puissances, au son des trompettes et des encens aux volutes de fumées... Peut-être un jour... Mais le Dieu que je sais se tient à l'ombre de chez moi. Il mendie chaque jour un peu de riz et, davantage, un regard d'amour, un visage d'accueil.
Le Dieu que je connais est né sur la paille, est mort sur le bois. Et depuis un certain matin de Pâques, il erre ici et là de par le monde, se mêle à la foule des anonymes, des pas importants, des indésirables. Je le vois parfois se profiler dans les rues de mon quartier. Il fait tout pour s'effacer, se laisse à peine apercevoir et, neuf fois sur dix, on ne le reconnaît pas. Est-ce lui, cet enfant chétif, assis dans la poussière, qui grignote un restant de manioc ramassé à la poubelle? Est-il cette vieille femme aveugle que guide un pauvre enfant de six ans, qui ne sait même pas si elle mangera ce soir et où elle couchera? Se peut-il qu'il se cache dans ce visage endolori du malade qui agonise seul dans sa mansarde? Pourquoi ai-je passé mon chemin et détourné mon regard de ce mendiant si repoussant dans ses haillons nauséabonds? Et pourquoi ai-je été troublé par ce regard lourd de toute la misère du monde?
Le Dieu que je connais est impuissant, silencieux et terriblement gênant. Il m'empêche de dormir tranquille. Il hante mes nuits paisibles. Il dit qu'il a faim, qu'il a soif, qu'il est nu, qu'il est étranger, qu'il est prisonnier. Il crie sur le bord de la route. Il gémit abandonné, rejeté, il étale sans pudeur ses os décharnés, son corps meurtri. J'ai cru entendre sa voix l'autre jour : « Je suis toujours là, je ne vous ai pas quittés. Ah, ne me laissez pas mourir de faim. Ne me laissez pas encore une nuit sans toit, sans chaleur. Ne me laissez pas dans cette oppression subir l'injustice, recevoir des coups, être torturé. Ah, j'ai besoin de vous, aujourd'hui, ce soir même! Je frappe à la porte et on ne me répond pas. Il fait froid, je suis seul, personne pour m'aider à me relever, à panser mes plaies... »
Le Dieu que je connais s'appelle Jésus Christ. Il se tient à l'ombre de chez moi...
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Sa bio porte:
"Même s’il n’avait pas renoncé au sacerdoce en s’engageant dans la politique, il avait dû prendre ses distances de la Compagnie de Jésus pendant quatre ans. Quand il demanda sa réadmission, le supérieur général posa comme condition que Jacques accepte d’aller travailler à l’étranger durant quelques années. - "
Il reste donc que comme J.B. Aristide, Couture a défroqué, sans savoir si c'était temporaire ou non, pour faire de la politique.
Or son texte de ci-haut vole très haut, et son problème, on le pressent par la petite mention de l'"encens" , en est probablement un d'omission: c'est ce qui n'est pas là qui est probablement le plus important. Mais passons. Le point c'est que la génération défroquée, signe de décadence, a pu très souvent être remarquablement bien intentionnée et poursuivre des objectifs immensément valables. DONC la décadence est compatible avec ces éléments, qui donc, malgré tout le bien, agissent comme des pièges extrêmement et d'autant plus dangereux. Une admirable générosité, si elle est liée à d'autres lacunes (d'ordre surnaturel) moins visible, n'est pas nécessairement une charité surnaturelle, malgré le langage le plus séduisant. E.G. un des 2 Boff est passé au culte de la Terre-Mère, ai-je entrevu (que ce soit exact ou non dans les faits, l'exemple illustre ce que je cherche à exprimer).
De plus, aller et revenir de son ordre, pour faire de la politique, a quelque chose de clownesque, du point de vue du sacerdoce...
Comme Jacques Couture est considéré comme un modèle par la génération défroquée jésuite du Québec et qu'une de leurs maisons porte son nom, il sera intéressant d'observer l'évolution, très probablement décadente, des jésuites québécois, et leur comparaison avec les jésuites anglophones du Canada, sans doute en meilleure santé (il semble que le noviciat franco-anglo ait été unifié pour empêcher le noviciat franco de mourir). IL faut aussi noter l'apport haitien, qui peut racheter la décadence québécoise, mais seulement partiellement, car la cause principale est sans doute liée à l'horizontalisme mondain.
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Profession de foi (de feu Jacques Couture, s.j. - 1986)
Je ne connais pas ce Dieu qui trône dans les cieux, au milieu des archanges, des chérubins et des puissances, au son des trompettes et des encens aux volutes de fumées... Peut-être un jour... Mais le Dieu que je sais se tient à l'ombre de chez moi. Il mendie chaque jour un peu de riz et, davantage, un regard d'amour, un visage d'accueil.
Le Dieu que je connais est né sur la paille, est mort sur le bois. Et depuis un certain matin de Pâques, il erre ici et là de par le monde, se mêle à la foule des anonymes, des pas importants, des indésirables. Je le vois parfois se profiler dans les rues de mon quartier. Il fait tout pour s'effacer, se laisse à peine apercevoir et, neuf fois sur dix, on ne le reconnaît pas. Est-ce lui, cet enfant chétif, assis dans la poussière, qui grignote un restant de manioc ramassé à la poubelle? Est-il cette vieille femme aveugle que guide un pauvre enfant de six ans, qui ne sait même pas si elle mangera ce soir et où elle couchera? Se peut-il qu'il se cache dans ce visage endolori du malade qui agonise seul dans sa mansarde? Pourquoi ai-je passé mon chemin et détourné mon regard de ce mendiant si repoussant dans ses haillons nauséabonds? Et pourquoi ai-je été troublé par ce regard lourd de toute la misère du monde?
Le Dieu que je connais est impuissant, silencieux et terriblement gênant. Il m'empêche de dormir tranquille. Il hante mes nuits paisibles. Il dit qu'il a faim, qu'il a soif, qu'il est nu, qu'il est étranger, qu'il est prisonnier. Il crie sur le bord de la route. Il gémit abandonné, rejeté, il étale sans pudeur ses os décharnés, son corps meurtri. J'ai cru entendre sa voix l'autre jour : « Je suis toujours là, je ne vous ai pas quittés. Ah, ne me laissez pas mourir de faim. Ne me laissez pas encore une nuit sans toit, sans chaleur. Ne me laissez pas dans cette oppression subir l'injustice, recevoir des coups, être torturé. Ah, j'ai besoin de vous, aujourd'hui, ce soir même! Je frappe à la porte et on ne me répond pas. Il fait froid, je suis seul, personne pour m'aider à me relever, à panser mes plaies... »
Le Dieu que je connais s'appelle Jésus Christ. Il se tient à l'ombre de chez moi...
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Sa bio porte:
"Même s’il n’avait pas renoncé au sacerdoce en s’engageant dans la politique, il avait dû prendre ses distances de la Compagnie de Jésus pendant quatre ans. Quand il demanda sa réadmission, le supérieur général posa comme condition que Jacques accepte d’aller travailler à l’étranger durant quelques années. - "
Il reste donc que comme J.B. Aristide, Couture a défroqué, sans savoir si c'était temporaire ou non, pour faire de la politique.
Or son texte de ci-haut vole très haut, et son problème, on le pressent par la petite mention de l'"encens" , en est probablement un d'omission: c'est ce qui n'est pas là qui est probablement le plus important. Mais passons. Le point c'est que la génération défroquée, signe de décadence, a pu très souvent être remarquablement bien intentionnée et poursuivre des objectifs immensément valables. DONC la décadence est compatible avec ces éléments, qui donc, malgré tout le bien, agissent comme des pièges extrêmement et d'autant plus dangereux. Une admirable générosité, si elle est liée à d'autres lacunes (d'ordre surnaturel) moins visible, n'est pas nécessairement une charité surnaturelle, malgré le langage le plus séduisant. E.G. un des 2 Boff est passé au culte de la Terre-Mère, ai-je entrevu (que ce soit exact ou non dans les faits, l'exemple illustre ce que je cherche à exprimer).
De plus, aller et revenir de son ordre, pour faire de la politique, a quelque chose de clownesque, du point de vue du sacerdoce...
Comme Jacques Couture est considéré comme un modèle par la génération défroquée jésuite du Québec et qu'une de leurs maisons porte son nom, il sera intéressant d'observer l'évolution, très probablement décadente, des jésuites québécois, et leur comparaison avec les jésuites anglophones du Canada, sans doute en meilleure santé (il semble que le noviciat franco-anglo ait été unifié pour empêcher le noviciat franco de mourir). IL faut aussi noter l'apport haitien, qui peut racheter la décadence québécoise, mais seulement partiellement, car la cause principale est sans doute liée à l'horizontalisme mondain.
Chriscato94- Messages : 419
Date d'inscription : 19/01/2023
Re: La génération défroquée: Jacques Couture, s.j.
Ps. La province de Couture est effectivement morte dans les faits, en 2018, un peu plus vite que dans mes prévisions:
https://sociocatho.forumactif.com/t67-mort-des-jesuites-du-quebec-2018
https://sociocatho.forumactif.com/t67-mort-des-jesuites-du-quebec-2018
Chriscato94- Messages : 419
Date d'inscription : 19/01/2023
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